Certains d’entre nous l’avaient découvert lors de la cérémonie des vœux du Maire en janvier 2011. Quelle surprise pour de nombreux Mathurinois de découvrir cet ensemble de personnages immobiles, qui semblaient les dévisager ! Avec leur air goguenard pour certains, et, leur mine patibulaire pour d’autres, ils impressionnent les passants et provoquent leur curiosité. Dans toutes les conversations, on pouvait entendre : « mais qui est donc le créateur de cette famille Alumino-ferrugineuse ? »
L’artiste en question est une figure emblématique de la commune, mais pas spécialement dans le domaine de l’art, plutôt dans celui du négoce de grains ; voilà pourquoi, les pistes sont faussées !
Vous pensez à quelqu’un…je vous donne des indices supplémentaires.
Comme Salvator Dali, il cultive la différence physique en soignant particulièrement ses très belles bacchantes, détail qui caractérise le personnage. Il partage avec cet artiste mondialement connu, le goût de la sculpture des métaux. Fumeur de pipe chevronné, il a gagné plusieurs concours.
Il détient un palmarès impressionnant dans cette activité: en 1996, champion des Pays de la Loire, en 2001, champion de France et en 2002, 27 ème au championnat du monde, 1er Français sur 499 concurrents.
Vous commencez à penser sérieusement à quelqu’un ?
Dans la conception de ses œuvres, il rappelle Marcel Duchamp, artiste français (1887-1968) peintre, plasticien, homme de lettres, inventeur du « Ready made » qui influença l’art contemporain.
Son principe était le suivant : détourner les objets de leur utilisation première pour en faire une œuvre d’art ; dans le cas présent, il s’agit de « ready made assisté » puisqu’il y a bien détournement de l’objet usuel, mais également un travail lié à un assemblage.
Notre créateur est modeste et reste discret sur ses choix et ses méthodes de travail ; en insistant un peu… beaucoup, on comprend mieux son cheminement.
Depuis de nombreuses années, ce collectionneur récupère toutes sortes d’objets hétéroclites usuels : socs de charrue, outils de débroussaillage, chaînes de chalut, pièces de vélo et de nombreux contenants : bouteilles de gaz, petits pots en verre…
Il travaille selon son inspiration ; lorsque l’envie de créer est la plus forte, il sélectionne un objet et imagine ce qu’il va en faire. Il se met en quête des objets complémentaires qui lui feront défaut.
Il dit : -« deux jours pour réfléchir, deux jours pour créer! ».
Quand sa décision est prise tout va donc très vite ; équipé du chalumeau, du poste à souder, de la tronçonneuse, il découpe, positionne, soude. Il superpose les tôles, les plaques de métal, pour créer du relief, rajoute les accessoires pour terminer les traits des visages, sourcils en chaîne de vélo, nez en pot d’échappement, yeux en roulement à billes : le masque apparaît !
Puis, vient la touche finale, la peinture. Une couche d’antirouille grise, une couche de peinture au pinceau, des tags à la bombe et parfois il brûle l’ensemble au chalumeau, pour créer des effets vieillis. C’est ainsi que la bouteille de gaz devient visage, le soc de charrue, menton, ou bien les poignées se transforment en oreilles.
L’ensemble est coloré, attractif, malgré quelques visages angulaires qui pourraient effrayer ! Comme diraient certains visiteurs : « -il fallait y penser ! » eh oui!
Depuis cette découverte en 2011, Abel a testé une autre manière de s’exprimer non conventionnelle, la peinture assistée par élévateur !
Comment procède-t-il ? Il pose son support, planche, toile sur un système rotatif. Lorsque l’élan est donné il y projette des couleurs au gré de ses envies : le résultat est aléatoire, coloré et surprenant. Quand nous donnera-t-il rendez-vous pour de prochaines trouvailles ?
Bien sûr vous l’avez reconnu, il s’agit d’Abel Auvinet, qui après une vie consacrée au commerce, s’est converti à l’art : tant mieux, car il a du talent.
Exposition hall de la mairie de Saint Mathurin du 2 juin au 30 juillet 2014